La vision

Né dans la région de Bordeaux et installé à Montréal depuis 2006, Ben V. inscrit son œuvre dans une recherche de l’essentiel, là où la matière devient silence et la forme, respiration. D’abord musicien, l’artiste transpose sur la toile la notion de rythme et d’harmonie, explorant la tension entre le geste et le vide, la matière et la lumière.

Issu d’un héritage artistique — un oncle peintre et plasticien, une grand-mère pour qui la peinture relevait du rituel — Ben V. prolonge ce dialogue familial avec la création, mais en le dépouillant de tout artifice. Son univers, résolument minimaliste et abstrait, explore la possibilité d’un langage réduit à l’essentiel, où le visible effleure l’invisible. Son amour pour Paul-Émile Borduas, Pierre Soulages, Franz Kline et Alberto Giacometti se font sentir dans la densité du noir, la puissance du trait et la fragilité du mouvement.

La peinture de Ben V. se tient à la frontière du geste et du silence. Elle interroge la trace : ce qui demeure quand tout a été dit, ce qui subsiste d’un instant une fois qu’il s’efface. Le noir et le blanc ne s’y opposent pas — ils se répondent, se traversent, s’annulent parfois pour mieux révéler la vibration d’un moment suspendu. Dans cette économie de moyens se joue une forme de sublimation du réel. La toile devient un territoire de résonance, un espace d’écoute .

Le cadre blanc, élément récurrent et signature discrète, agit comme une fenêtre ouverte sur le moment suspendu — une manière d’isoler le souffle.
 

Ainsi, son travail n’est ni figuration ni abstraction pure : il est suspension du temps, sublimation du moment. 

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